Une nuit à Sète, dans l’Hérault. Le téléphone sonne au domicile d’une infirmière. L’hôpital lui indique qu’elle doit se rendre à L’Occitane, résidence retraite : un résident a perdu sa perfusion. Aussitôt sur place, l’infirmière s’occupe du résident, qui peut se rendormir tranquillement. Ce type d’intervention est devenu banal dans la résidence. Depuis février, son directeur, Nicolas Mélis, participe à l’expérience menée par l’hôpital de Sète pour pallier l’absence d’infirmière, la nuit, dans les Ehpad : « Les aides soignantes sont rassurées. Elles n’ont plus besoin d’appeler systématiquement le 15 car l’infirmière connaît les résidents et prend en charge un certain nombre de soins. Le confort du résident est nettement amélioré, sa nuit est moins perturbée que s’il avait été aux urgences. » Bien sûr, aucun risque n’est pris pour le résident.
Ce système d’astreinte n’est qu’un des volets du projet de Jean-Marie Bolliet, directeur des Hôpitaux du Bassin de Thau. Pour optimiser la prise en charge des seniors, il a mis en place une série de mesures à l’intention des Ehpad du territoire : « L’idée est de créer une prise en charge globale pour qu’elle soit plus efficace. » Ainsi, un poste de médecin conseil, qui se rend dans les établissements pour traiter les cas les plus complexes, a été créé. Un poste d’ « infirmière sentinelle » sera également ouvert. « Elle se rendra chez les personnes âgées afin de constater leurs conditions de vie et d’alerter les autorités si le maintien domicile n’est plus possible. » Enfin, un système de téléconsultation par tablette numérique a été mis en place : le personnel de l’Ehpad prend rendez-vous avec un spécialiste de l’hôpital qui, au moyen d’une vidéo ou d’une photo, établit un protocole et/ou donne un avis.
Ainsi, le résident pris en charge par cette filière n’attend plus des heures aux urgences pour une visite de quelques minutes. Et l’assurance maladie n’a ni frais de transport, ni hospitalisation à rembourser. Les rondes de nuit des infirmières impliquent, à elles seules, sur les estimatifs d’activité minimum, une économie de 200 000 euros par an, selon Jean-Marie Bolliet… qui a tout de même dépensé 80 000 à 100 000 euros. « L’important, c’est le modèle de prise en charge qui se dégage progressivement », affirme-t-il. La délégation territoriale de l’Hérault de l’ARS Languedoc-Roussillon s’intéresse d’ailleurs au projet, et est en passe d’allouer 90 000 euros à l’initiative « visiogériatrie».