Tous les Etats membres de l’Union européenne ont adopté la Charte de Tallin en 2008, dans laquelle les principes d’équité, de solidarité et d’accès universel sont consacrés. Comme les autres pays développés, leur système de santé doit être suffisamment flexible pour répondre aux besoins et aux attentes de leur population, tout en prenant en considération ceux des futures générations.
Les ministres européens de la santé se sont donc réunis à Prague pour échanger sur les défis auxquels ils doivent faire face. La crise économique est le premier d’entre eux et représente une menace pour l’avenir de la protection sociale. Les expériences passées ont en effet démontré que dans un contexte de crise les budgets publics consacrés à la santé sont souvent coupés. Ceci a des conséquences néfastes sur le long terme, car la bonne santé de la population est essentielle à celle de l’économie. La crise financière peut au contraire constituer une opportunité pour améliorer l’efficience des activités sanitaires et l’effectivité des investissements.
Mais les Etats membres doivent aussi faire face au poids croissant des maladies non transmissibles, au vieillissement de la population dans les cinquante prochaines années, à l’augmentation des maladies chroniques qui y est associée, ainsi qu’à la croissance des besoins en matière de nouvelles technologies coûteuses et sophistiquées. Tout ceci devrait conduire à une augmentation des besoins en soins de santé, alors que les ressources diminueront progressivement.
Au cours de la conférence, des chercheurs de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), de l’OMS ou encore de la Banque mondiale sont intervenus pour présenter plusieurs études reprenant ces différentes hypothèses et proposant des solutions. Par exemple, des investissements conséquents en matière de prévention auront des conséquences positives sur les dépenses et la bonne santé des personnes âgées et handicapées.
Des mesures de maîtrise des dépenses et d’amélioration des investissements devraient aussi être adoptées. Les responsables politiques et les prestataires de soins pourraient profiter de la crise économique pour travailler ensemble. Certains pays investissent dans des infrastructures publiques pour soutenir leur économie. Ils pourraient cibler leurs actions sur l’amélioration de la qualité des soins et sur l’innovation dans les hôpitaux. Dans un contexte de diminution des ressources, l’utilisation de celles-ci doit être efficiente. Il est donc particulièrement important d’évaluer les technologies de la santé, non seulement pour tester les nouvelles technologies, faciliter la décision d’achat des prestataires, mais aussi pour identifier les services, technologies et médicaments qui sont moins efficaces pour ne pas les utiliser.
Le financement durable des systèmes de santé requiert des interventions au niveau national. Les systèmes de santé doivent être rapidement réformés en profondeur pour assurer un meilleur équilibre entre les prestataires privés et publics et un meilleur partage des coûts entre l’État et les institutions privées, mais aussi pour sensibiliser les patients à la qualité des soins et à leur coût, afin d’éviter un recours inapproprié aux services de santé.
Parvenir à ces différents objectifs implique de fournir des efforts au niveau européen, national et local pour partager l’expérience, échanger sur les cas de bonne pratique, améliorer la collaboration et développer la collecte et la comparaison des données et des indicateurs à travers l’Europe.