Le Rapport souhaite donner aux gouvernements des conseils pratiques sur la manière de financer les soins de santé. Il encourage la communauté internationale à appuyer les efforts déployés par les pays à revenu faible et intermédiaire pour accroître la couverture sanitaire de leur population. L’OMS distingue trois grands domaines d’action qui pourraient permettre de faire changer les choses : mobiliser davantage de fonds pour la santé, mobiliser ces fonds de manière plus équitable et dépenser l’argent plus efficacement.
Selon l’OMS, dans bien des cas, les gouvernements pourraient allouer davantage d’argent à la santé. Si les gouvernements des 49 pays les plus pauvres de la planète allouaient chacun 15% de leur budget national à la santé, ils pourraient mobiliser 15 milliards de dollars supplémentaires par an, c’est-à-dire pratiquement doubler les fonds disponibles. La communauté internationale a un rôle central à jouer à cet égard. Il faut compter en moyenne 44 dollars par habitant pour assurer l’accès ne serait-ce qu’à un minimum de services de santé de qualité dans les pays à faible revenu. Beaucoup de ces pays bataillent pour y parvenir. Aujourd’hui, 31 pays dépensent moins de 35 dollars par personne pour la santé. Si tous les donateurs suivaient l’exemple du gouvernement de la Norvège et d’autres pays qui ont tenu leur promesse d’allouer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, trois millions de vies supplémentaires dans les pays à faible revenu pourraient être sauvées d’ici à 2015.
Mobiliser les fonds de manière plus équitable signifie qu’il faut supprimer les principaux obstacles financiers à l’accès aux soins. Des pays comme le Japon, qui parviennent à garantir l’accès aux services de santé à l’ensemble de leur population, l’ont fait en réduisant la dépendance du système à l’égard du financement direct par les patients et en augmentant le niveau des prépaiements – généralement par le biais d’assurances ou de taxes ou d’un panachage des deux. Les fonds ainsi dégagés sont mis en commun, ce qui permet d’éviter que ceux qui ont la malchance de tomber malades soient les seuls à en supporter la charge financière. C’est aussi le modèle utilisé dans de nombreux pays européens, et le Chili, la Colombie, le Mexique, le Rwanda, la Thaïlande et la Turquie ont également réalisé des progrès importants à cet égard au cours de la dernière décennie, de même que le Brésil, la Chine, le Costa Rica, le Ghana, le Kirghizistan et la République de Moldavie.
En dépensant l’argent plus intelligemment, on pourrait accroître la couverture sanitaire à l’échelle mondiale de quelque 20 à 40%. Le Rapport recense 10 domaines dans lesquels on pourrait améliorer l’efficacité. L’un est l’achat de médicaments. L’OMS cite la France, qui a adopté une stratégie consistant à utiliser autant que possible des médicaments génériques, ce qui a permis d’économiser l’équivalent de près de 2 milliards en 2008. Les soins hospitaliers constituent une autre piste: ils absorbent souvent entre la moitié et les deux tiers des dépenses publiques totales pour la santé. L’OMS considère que près de 300 milliards sont gaspillés chaque année en raison du manque d’efficacité à ce niveau. Une gestion plus efficace des dépenses hospitalières pourrait selon elle se traduire par un gain de productivité de 15%.
La communauté internationale a un rôle central à jouer dans l’amélioration de l’efficacité. Cinq ans après la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide axée sur les programmes de pays, plus de 140 initiatives mondiales en faveur de la santé sont actuellement poursuivies en parallèle, imposant aux gouvernements bénéficiaires des charges logistiques et des obligations de présentation de rapports qui grèvent encore leurs faibles ressources.
Plus d’information : http://www.who.int/whr/2010/fr/index.html