A l’heure du lancement de la stratégie de transformation du système de santé « Ma Santé 2022 », il était d’autant plus fondamental pour la FHF d’écouter les acteurs de terrain qui accompagnent au quotidien les équipes. C’est pourquoi la FHF a choisi de renouveler le baromètre qu’elle réalise en partenariat avec le cabinet Obea avec pour ambition d’objectiver les enjeux RH des établissements pour les porter auprès des pouvoirs publics.
Cette troisième édition confirme encore une fois la très forte contrainte imposée par les objectifs court-termistes de maîtrise de la masse salariale (premier sujet de mobilisation pour 83% des répondants). Cette édition fait également ressortir une analyse mitigée du plan ministériel pour l’attractivité médicale et pointe les conséquences de la réforme du troisième cycle des études médicales (96% des établissements de plus de 2000 agents disent que la réforme 3eme cycle a des impacts sur leur établissement, et 77% d’entre eux constatent une inadéquation entre la répartition des stages d’internes et les besoins et moyens de leur établissement), alors que l’enjeu de l’attractivité médicale demeure le premier sujet de mobilisation pour près des trois quarts des directeurs des affaires médicales répondants. Les acteurs RH y témoignent enfin de leur inquiétude quant à l’évolution des conditions d’exercice (plus neuf points) et, dans les plus gros établissements, d’un dialogue social dégradé (une à plusieurs expertises CHSCT par trimestre dans 44% des CHU). Dans ce contexte, les DRH renforcent toujours plus leur investissement sur la qualité de vie au travail (89%, soit plus 17 points).
« Cette nouvelle édition du baromètre témoigne de l’environnement toujours plus contraint dans lequel évoluent les DRH. Malgré cela, ils font preuve d’une résilience très forte et se mobilisent toujours plus pour améliorer le cadre de travail des professionnels en agissant sur les RPS et la QVT, et en œuvrant pour une meilleure attractivité. Réenchanter l’hôpital nécessitera toutefois de disposer de plus de moyens de reconnaissance et de desserrer les contraintes », souligne Jérôme Miara, PDG du cabinet de conseil Obea.
« Revue générale des politiques publiques, modernisation de l’action publique, action publique 2022…Stratégie nationale de santé, Stratégie de transformation du système de santé, Ma santé 2022…Autant de réformes sur lesquelles les professionnels s’engagent et dans le cadre desquelles ils acceptent d’interroger leurs pratiques, leur cadre d’exercice. Toutefois, mobiliser les équipes pour un meilleur service au patient dans un contexte de contrainte économique toujours croissante est un exercice de plus en plus complexe. Il faut donner aux hôpitaux les moyens de leur ambition ! » déclare Frédéric Valletoux, président de la FHF.
La FHF est donc mobilisée et appelle à l’heure de « Ma Santé 2022 » et des travaux parlementaires sur le PLFSS 2019 à clarifier la feuille des routes des établissements publics de santé en organisant une conférence nationale de consensus sur l’équilibre entre la réponse aux enjeux de santé publique, l’assurance de bonnes conditions d’exercices professionnels et la maîtrise des dépenses d’assurance maladie.
La FHF porte également des préconisations fortes en matière RH, et plus particulièrement sur la qualité de vie au travail et l’attractivité :
- Face au manque de moyens de reconnaissance (79% des acteurs RH regrettent de ne pas disposer de moyens pour reconnaître l’investissement des professionnels), elle appelle à reconnaître l’engagement des professionnels hospitaliers au travers du déploiement de l’entretien professionnel et la refonte du régime indemnitaire.
- Face au défi de l’attractivité médicale, la FHF poursuit son action. Le conseil d’administration a adopté ce jour 20 préconisations pour un choc d’attractivité regroupées autour de trois priorités : une stratégie portée par les territoires ; la reconnaissance de l’exercice hospitalier ; et la structuration d’une offre de formation initiale territoriale garantissant l’adéquation entre parcours de santé, parcours de formation et parcours de recherche.
- Enfin, si les contraintes statutaires ont été ressenties comme moins lourdes cette année du fait du report du protocole PPCR (moins neuf points), la FHF porte à l’occasion des concertations sur le Nouveau Contrat Social avec les agents publics la nécessité de poursuivre ce mouvement en fluidifiant le dialogue social sur les conditions de travail.
Exercice territorial, exercice collectif, pratiques avancées, … Alors que le système de santé et les conditions d’exercice évoluent, les acteurs RH sont engagés. Il faut maintenant leur donner les moyens de réussir et d’accompagner ces mutations. Pour ce faire, la FHF appelle à la cohérence des engagements au niveau national avec l’engagement des établissements.
Chiffres clés
- Dans un contexte financier toujours plus contraint, la maîtrise de la masse salariale demeure le premier sujet de mobilisation pour 83% des DRH répondants.
- Les acteurs RH se mobilisent cependant sur les conditions de travail et la qualité de vie au travail. 89% des établissements répondants ont désormais engagé une démarche de QVT, soit une augmentation de 17 points.
- Pour 96% des acteurs RH répondants, les professionnels hospitaliers sont très engagés dans leur métier. Mais seuls 21% d’entre eux considèrent disposer des moyens de reconnaissance adaptés.
- Les métiers à l’hôpital évoluent, pour 43% des répondants sous l’effet de la politique tarifaire (54% dans les ESMS) et pour 41% du fait des nouvelles conditions d’exercice (exercice territorial, pratiques avancées, …)