Visitez le blog officiel d'Hôpital Expo - Intermedica 2006
PARIS, 16 mai (APM) - Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Claude Evin, a dénoncé mardi le "remodelage du paysage hospitalier par la pénurie" opéré par la politique budgétaire et "l'insécurité financière" dans laquelle vivent les établissements hospitaliers publics.
S'exprimant devant le ministre de la santé, Xavier Bertrand, Claude Evin est revenu longuement, dans son discours d'inauguration du salon Hôpital Expo Intermédica, qui se tient de mardi à vendredi à Paris, sur le début de campagne budgétaire 2006.
Selon un premier relevé de la FHF auprès de 229 établissements représentant 47% des budgets hospitaliers publics, "158 hôpitaux dont 18 centres hospitaliers universitaires (CHU) ont évalué leur compte prévisionnel d'exploitation en déficit pour un montant cumulé qui atteint plus de 400 millions d'euros", a déclaré Claude Evin.
"Cette insécurité financière n'est pas une exagération de la FHF, comme voudraient le faire croire certains", a-t-il affirmé.
"Nos revendications ne sont pas maximalistes, le sous-financement de l'hôpital atteint un niveau historique et il menace la modernisation de l'hôpital et met en danger le service public hospitalier", a-t-il ajouté.
Claude Evin a estimé que les arbitrages actuels "impliquent un plan de réduction de la voilure hospitalière publique et non pas seulement un plan d'économies. Nous avons le sentiment qu'on ne nous demande pas seulement de faire mieux mais qu'on nous demande de faire moins".
Il a critiqué "des objectifs inatteignables pour obtenir in fine une restructuration masquée de l'offre hospitalière sans jamais l'avoir assumée" et un "remodelage du paysage hospitalier par la pénurie qui n'est pas acceptable".
"Comment stimuler les professionnels hospitaliers quand ceux-ci ont l'impression que leur rôle de financement va finalement se résumer à la gestion de la pénurie et que même les plus vertueux d'entre eux ne seront pas récompensés?"
"Comment motiver des responsables hospitaliers qui ne comprennent plus rien au mode d'élaboration des tarifs et qui ont l'impression que de nombreux cas sont réglés 'à part' en fonction de la sensibilité politique de leur situation?"
"Comment motiver des responsables hospitaliers qui doivent construire en urgence un budget impossible et doivent appliquer des plans d'économies intenables, qui, de toute façon, pour cause de retard dans la procédure budgétaire, ne pourront être mis en oeuvre que sur les six derniers mois?"
Claude Evin a dit attendre "avec patience mais vigilance (.) la concrétisation des intentions" du ministre de la santé, qui a indiqué la semaine dernière aux responsables de la FHF et des conférences hospitalières que les crédits tels qu'ils étaient prévus dans l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) hospitalier seront bien affectés aux hôpitaux sur l'ensemble de l'exercice.
Le président de la FHF a souligné que les hospitaliers étaient "particulièrement choqués d'observer que, de facto, une approche différenciée des tarifs publics et privés se fait au profit du privé, en particulier en obstétrique".
En matière de régulation financière, "nous attendons toujours de connaître, par secteur, la nature des dépassements 2005, et nous contestons les modalités techniques de sa mise en oeuvre qui nous semblent à la fois injustes et peu lisibles".
LE DYNAMISME DU SECTEUR PUBLIC
Le président de la FHF a consacré la première partie de son discours à mettre en avant le dynamisme du secteur hospitalier, qui a montré ses dernières années "sa capacité à bouger, se réformer et s'adapter" face à une "avalanche de réformes".
Claude Evin a souhaité "rendre davantage visibles les atouts et les performances d'un service public qui fonctionne bien, se réforme et continue de promouvoir des valeurs qui sont au coeur de notre modèle républicain", notamment pour l'égalité de l'accès aux soins .
Il a souligné que les hôpitaux et les établissements médico-sociaux constituaient de "formidables réservoirs d'emplois", compte tenu de la croissance des besoins de santé dans les prochaines années, préservaient l'accès aux soins et participaient au développement du progrès médical.
Il a remarqué qu'il n'y avait "pas de liste d'attente" en France, contrairement aux hôpitaux d'autres pays européens, que la France se situait parmi les meilleurs pour la lutte contre les infections nosocomiales, et que "plusieurs centaines de milliers d'étrangers" venaient se faire soigner en France.
Claude Evin a estimé qu'on ne devait pas "imputer à l'hôpital des blocages qui sont ceux de l'ensemble du système de santé" comme son pilotage insuffisant ou des rigidités statutaires.
Il a rappelé les critiques de la FHF concernant le rapport du Pr Guy Vallancien sur la restructuration de la chirurgie, notamment à cause de l'accent mis sur le seul secteur public et sur une "simplification dangereuse" entre sécurité et proximité des soins.
Le président de la FHF a souligné que la fédération faisait la promotion d'une "stratégie de groupe" pour les hôpitaux, non pour opposer public et privé, mais pour faire prendre conscience de la nécessité de "réfléchir et d'agir à plusieurs dans le cadre des territoires" pour répondre à l'ensemble des besoins de santé.
La FHF incite les établissements à être "promoteurs de secteurs d'activité en développement comme les soins de suite et de réadaptation, l'hospitalisation à domicile, l'addictologie, les soins de longue durée et les activités médico-sociales", a-t-il ajouté.
Claude Evin a par ailleurs indiqué que la FHF préparait pour la fin de l'année une plateforme sur l'avenir de l'hôpital.
hm/eh/APM polsan
EHJEG006 16/05/2006 13:19 ACTU