EPP : transformer une contrainte en expérience fédératrice

Date de publication : 18 Avril 2012
Date de modification : 18 Avril 2012

Dans cette USLD qui comporte 124 lits composés de 4 unités, un chef de service et deux cadres de santé encadrent une équipe jour/nuit composée de 16 infirmières, 65 aides-soignantes et agents des services hospitaliers, 1 ETP kinésithérapeute, 0.50 ETP psychologue et 0.50 ETP diététicienne.

PROBLEMATIQUE 

La déshydratation représente le désordre hydro-électrolytique le plus fréquent chez les personnes âgées. Favorisée par des phénomènes liés au vieillissement, elle s’installe insidieusement rendant son dépistage clinique difficile avec des conséquences nombreuses.

Le diagnostic, le traitement et encore plus la prévention de la déshydratation des personnes âgées constituent une problématique majeure et un véritable objectif majorés par le vieillissement de notre population.

Dans notre service d’USLD, un nombre élevé de personnes âgées est perfusé. Or, la question se pose de savoir si toutes les mesures préventives ont bien été prises avant la décision médicale  de perfuser.

OBJECTIFS DU TRAVAIL 

Améliorer la prise en charge de l’hydratation des personnes âgées, en :

  • uniformisant les connaissances de chaque professionnel ;
  • améliorant le niveau d’information et de formation ;
  • sensibilisant à la spécificité de la prise en charge de la personne âgée ;
  • réalisant des contrôles des connaissances des professionnels.

METHODOLOGIE EN LIEN AVEC LA REFERENCE 41 DU MANUEL HAS 

Concernant l’évaluation des risques liés aux soins, il est à noter que « les professionnels doivent identifier a priori les actes, les processus, les pratiques à risques et/ou a posteriori les événements indésirables. Ils doivent mettre en œuvre les actions de prévention et d’amélioration correspondant à ces situations à risques et à ces événements indésirables ».

Le groupe projet opte pour la réalisation d’un audit des connaissances professionnelles, destiné à tous les professionnels intervenant en USLD. Un questionnaire est élaboré, présenté aux équipes puis testé pour d’éventuelles modifications avant sa diffusion.

Cinq semaines plus tard, les questionnaires sont de retour (43 réponses).

PRINCIPAUX RESULTATS  

A la question « Que signifie pour vous le terme « hydratation » ? », tous les professionnels (ASH, AS, IDE) pensent exclusivement – à 89 % - à l’apport hydrique. 

Ils sont persuadés de bien connaître les signes de déshydratation alors qu’aucun ne les recense véritablement tous.

Paradoxalement, ce sont les ASH ayant le moins de qualification qui témoignent d’une meilleure connaissance. De plus, leur participation à l’EPP hydratation montre l’intérêt qu’elles portent à ce sujet.

La disparité des réponses à la question « Pouvez-vous identifier les causes pouvant être responsables d’une déshydratation chez la personne âgée ? » est telle que nous ne pouvons nous empêcher de constater que les équipes agissent de manière empirique et non professionnelle. Par ailleurs, seulement la moitié de l’équipe est satisfaite des soins d’hydratation apportés aux résidents et la formation se révèle insuffisante puisque 87 % des équipes n’ont pas bénéficié d’une formation sur l’hydratation depuis 5 ans.

MISE EN ŒUVRE D’ACTIONS D’AMELIORATION 

Différentes actions d’amélioration ont été mises en œuvre comme :

  • Une feuille de suivi journalier généralisée à tous les étages et modifiée de manière à permettre plus de lisibilité pour l’ensemble de l’équipe ;
  • La formalisation d’un protocole médical ;
  • Des sessions de formation obligatoire pour tout le personnel prises en charge par deux infirmières du service. Chaque séance dure 1 heure 30 et se déroule par groupe de 8 personnes. Un quizz de connaissances qui donne lieu à des échanges entre les participants la finalise. Au cours de l’année 2010, près de 100% des agents de l’USLD ont participé à cette formation « hydratation ».

De plus, une sensibilisation aux spécificités de la personne âgée est menée à travers le plan de formation de l’établissement. Les profils de postes sont rédigés en conséquence.

Le recueil de données sur les habitudes antérieures de la personne en termes d’hydratation est amélioré.

 Les professionnels sont tous très satisfaits de ces apports théoriques car :

  • Ils ont en effet pris conscience de leur tendance à banaliser l’hydratation chez la personne âgée. La formation qu’ils ont suivi leur a permis de mieux comprendre combien l’hydratation constitue un soin à part entière et encore plus lorsqu’il s’agit de personnes âgées voire démentes ;
  • Ils ont ainsi pu développer et renforcer leurs connaissances. Ils ont en particulier retenu que l’hydratation de la personne âgée demeure une préoccupation permanente et quotidienne. Par conséquent elle n’est pas uniquement liée à des épisodes caniculaires.

 DE VERITABLES BENEFICES  

  • Pour le service :
    • Un changement des pratiques et une remise en question systématique observés sur le terrain témoignent une appropriation par les équipes des outils et de la formation. L’évaluation des pratiques professionnelles semble  désormais s’enraciner ;
    • Une priorité a été donnée à la formation des nouveaux arrivants.
  • Pour l’établissement :
    • Une généralisation de la démarche à l’ensemble des services concernés de l’établissement ;
    • Une mise en place de sessions de formations dans le plan de formation continue de l’établissement animées par les infirmières de l’USLD ;
    • Une valorisation du travail des soignants ;
    • Une professionnalisation des équipes ;
    • L’inscription dans une politique de promotion de la bientraitance.
  • Pour le résident et sa famille :
    • Avoir la garantie d’une prise en charge personnalisée et vigilante vis à vis des besoins implicites du résident ;
    • Inclure la famille dans le projet de vie et les informer du bienfait de l’hydratation chez les personnes âgées.

Pour conclure, cette expérience a été vécue de manière très positive. Hésitants au départ, les professionnels se sont appropriés les outils d’analyse, pouvant ainsi pleinement s’inscrire dans une dynamique d’amélioration continue de leurs pratiques. L’uniformisation des connaissances a facilité l’harmonisation des pratiques dans les équipes ce qui a ainsi provoqué une culture commune de l’évaluation. Par ailleurs, une relation de confiance entre les professionnels s’est installée de manière durable dans le service. Désormais, chacun demande à bénéficier d’une réévaluation régulière de ses connaissances. Les indicateurs de suivi constituent bien un levier d’ancrage de la qualité au sein des établissements.

Auteurs :

 Christine MALBEC, Infirmière DE Faisant Fonction de cadre de santé

Carole FEAUVEAUX, Coordonnateur Général des Soins

CENTRE HOSPITALIER DU CHINONAIS

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