Force est de constater d’une part que globalement la formation est toujours d’une grande qualité à en juger par l’efficacité des professionnels sur le terrain dès leur prise de poste et d’autre part que le niveau de compétence atteint justifie le niveau universitaire obtenu.
Ces deux points ont fait l’unanimité au sein du groupe qui s’est accordé sur le nécessaire équilibre entre les acquis théoriques et les acquisitions pratiques. La pratique est un socle de ce métier alliant maitrise du geste et analyse fine d’une situation de santé devant restée sous contrôle lors d’une anesthésie ou lors de la gestion d’un événement pouvant mettre en jeu le pronostic vital d’un patient. L’infirmier anesthésiste intervient préférentiellement soit au bloc opératoire où il a une exclusivité d’exercice soit en intervention SMUR (structure mobile des urgences et réanimation) en collaboration avec un médecin anesthésiste-réanimateur dont il est reconnu pour être un professionnel indispensable pour sa compétence. Le point de discussion était donc naturellement le niveau de responsabilité et d’autonomie entre ces deux acteurs.
Le travail de ce groupe arrive à la fin de sa mission. En conclusion, le constat est que les changements statués portent sur des ajustements ou de précisions à savoir : compensation ou fusion des UE, modalité de report de formation, jury d’attribution et nombre de présentation au diplôme d’état, demande de changement d’école en cours de formation…
La revendication des infirmiers anesthésiste concerne cependant un autre débat et porte sur une reconnaissance de leur exercice assimilée à une pratique avancée dans leur domaine de compétence. A travers l’évaluation de la réingénierie des études, le sujet est relancé sur cet aspect considérant que cette formation apporte un niveau master et l’acquisition d’une expertise en anesthésie et dans la gestion des situations d’urgence en santé.
La pratique avancée pour les infirmiers n’est pas une nouvelle profession mais bien un développement du métier. Le professionnel de santé entrant dans ce cadre pourra avoir recours à des actes qui sont réservés à la profession médicale comme par exemple la prescription de produits médicamenteux et d’examens complémentaires. Cette demande correspond totalement à l’environnement dans lequel évolue l’infirmier anesthésiste actuellement : des besoins de santé de la population, un déficit connu en effectif de médecins anesthésistes, un niveau d’étude master et des compétences reconnues. Leurs activités transversales dans les domaines de la douleur, de l’hypnose ou de la prise en charge de l’urgence ne sont jamais remises en cause mais au contraire le plus souvent plébiscitées : nombre d’entre eux ont par ailleurs validé des DU dans ces spécialités pour approfondir et légitimer leurs connaissances sur ces sujets mais aussi sur la formation, la réanimation….
La reconnaissance de la pratique avancée en anesthésie représenterait pour ces infirmiers hautement spécialisés l’objectivation de l’expertise clinique développée au service des patients pris en charge. Ils souhaitent à travers cette revendication assumer leur responsabilité quant aux actes produits au bénéfice des patients et revendiquent une autonomie pour des prises en charge dans le cadre de la lutte contre la douleur par exemple. Sans vouloir se démarquer du médecin anesthésiste avec qui les IADE travaillent dans une relation de confiance et un respect mutuel de leurs champs de compétence; la reconnaissance en pratique avancée serait pour ce métier une valorisation attestant du niveau de maturité professionnelle acquise.