Les moyennes européennes cachent une diversité impressionnante. L’incidence du cancer pour 100 000 habitants a partout augmenté (475 cas per 100.000 en 2007 dans l’UE, +28 cas comparé à l’an 2000) mais avec vitesses différentes: + 6.2 % dans l’UE, +19.0 % dans l’Europe des 12, +3 % dans l’Europe des 15. L’incidence pour le cancer du sein par 100 000, par exemple, est comprise en 2007 entre 176 cas en Belgique et 49 cas en Roumanie. L’augmentation du nombre de nouveaux cas entre 2000 et 2007 varie de plus de 30 % à Malte, en République tchèque, en Irlande et en Italie ; entre 20 et 30 % en Belgique, en Estonie, en Slovénie, en Pologne, en Slovaquie ; entre 10 et 20 % aux Pays-Bas, en Roumanie, au Royaume-Uni, en Suède, en Bulgarie. Ceci à bien entendu des conséquences en matière de besoin, de ressources et de coûts mais également en matière d’organisation et de financement.
Des tendances communes ayant un impact sur le management peuvent toutefois être identifiées. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes retrouvent la santé après un épisode cancéreux. Le cancer tend à être considéré comme une maladie chronique. Les patients ont donc de nouveaux besoins, en particulier un suivi attentif et planifié à long terme, spécialement après une longue période de soins, de traitement et d’hospitalisation. Une nouvelle réponse est apportée avec un soin plus global : non plus seulement le soin ou le traitement mais un soutien général qui inclus les dimensions nutritionnelles, psychologiques, sociales (soutien pour obtenir des prêts par exemple) et personnelles (la cosmétique en est un exemple).
Des équipes multidisciplinaires se développent. Le patient n’a plus devant lui une seule personne spécialisée dans le soin d’une maladie mais une équipe de professionnels spécialisée dans son soin global. L’équipe pluridisciplinaire devient même obligatoire dans certains hôpitaux. Des mécanismes spécifiques pour se rencontrer et échanger des informations sont prévus. Les équipes multidisciplinaires comportent en effet de nombreux avantages : elles sont orientées vers le patient, favorisent des programmes intégrés personnalisés et apportent une continuité de soins.
Pour réduire la mortalité et s’assurer un dépistage précoce, de meilleurs liens avec la prévention, des examens de dépistage et de diagnostic sont mis en œuvre. Cela requiert une coopération et une coordination entre les acteurs de tous les niveaux du système de santé. Le soin ambulatoire se développe dans la plupart des pays mais avec de grandes disparités. La situation s’améliore mais nécessite d’importants changements dans le parcours de soin hospitalier. L’hôpital à domicile est souvent proposé par des organisations autres que les organisations de santé, il est souvent intégré dans le parcours hospitalier mais pas toujours. En général, il n’est pas suffisamment financé et mis en valeur.
Des mécanismes d’autorisation et d’agréments pour traiter les patients cancéreux commencent à apparaître dans certains pays. Néanmoins, s’il existe des guides de bonnes pratiques européennes officielles dans le domaine du cancer, elles ne concernant que la prévention et n’existent pas encore pour les soins.